tirage sur papier albuminé, 22,4 x 27,8 cm / 8,9 x 11 inch
Cette photographie de Timothy O’SULLIVAN illustre bien l’ambivalence de son travail, et deux tendances dans son interprétation. Rosalind KRAUSS explique dans The Originality of the Avant-garde and Other Modernist Myths (1985) que le XXe siècle a fait de cette photographie un modèle de beauté presque abstraite. Pourtant l’objectif était, selon KRAUSS, avant tout scientifique. Son approche diffère donc radicalement de celle alors en vogue, défendue par Ansel ADAMS, Beaumont NEWHALL ou John SZARKOWSKI, qui voyaient en O’SULLIVAN un précurseur de la modernité photographique.
Les deux approches sont, par la réception du travail d’O’SULLIVAN depuis les années 1930, toutes deux intéressantes et dans une certaine mesure valables. KRAUSS défend à juste titre que ces images avaient initialement un but scientifique. Tandis qu’Ansel ADAMS et de nombreux photographes de paysages les prendront pour modèle, faisant d’elles, de facto, des pièces majeures de la modernité.
Notons que les photographes du XIXe étaient proches des beaux-arts, car science et art étaient encore étroitement liés (gardons à l’esprit les herbiers et croquis produits par les artistes et les scientifiques jusqu’à la diffusion généralisée de la photographie). Il existe donc des correspondances avec les maîtres de la peinture de paysage. La répétition des masses plus ou moins triangulaires rappellent, par le jeu de composition, les techniques mises en œuvre en peinture. On retrouve cette technique, par exemple, dans La mer de glace du peintre romantique allemand Casper David FRIEDRICH. Le motif triangulaire se détache, là aussi, dans les différents plans de l’image.
Pour en savoir plus : http://www.getty.edu/art/collection/objects/40240/timoth...
