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Un espace à préserver

La vision d’un territoire à explorer s’incarne dans le concept d’american frontier : limite des zones de peuplement occidentales que les colons ne vont avoir de cesse de dépasser. Cette expansion conduit à porter sur l’Ouest, appelé tantôt Far West, tantôt Wild West ou encore Old West, un regard empreint de l’idée de « Destinée Manifeste ». Il s’agit de voir dans la conquête de l’Ouest plus qu’une mission, mais une destinée. Cette vision est soutenue par la conception qu’ont, à cette époque, les américains d’eux-mêmes : un peuple vertueux, aux institutions idéales, dont les valeurs sont appelées à être diffusées de par le monde. L’Ouest et ses paysages possèdent donc une symbolique forte.

Barbara NOVAK, spécialiste du paysage et des États-Unis explique que celui-ci devient progressivement un enjeu moral et politique. L’Ouest américain est intimement lié au paysage et à la notion de territoires. En effet, c’est par leur exploration et leur conquête que les États-Unis vont se constituer, aussi bien géographiquement que politiquement. Dans le paysage se projette alors la nation américaine toute entière. Il désigne à lui-seul les multiples destinés individuelles, agrégées les unes aux autres dans l’idée d’un « nous » américains.

Cette approche a depuis évoluée vers une volonté de préservation de cette nature, pour que les générations futures puissent s’y projeter à leur tour. Dans cette démarche, les photographies de paysages vont jouer un rôle majeur en sensibilisant les politiques américains. C’est en partie grâce à elles que les parcs nationaux américains voient le jour. La place particulière du grand Ouest, les prouesses des photographes, vont faire de la photographie un élément essentiel dans la sensibilisation à l’écologie.

Ansel ADAMS, Thunderstorm, Yosemite Valley, 1945

Carleton WATKINS le précurseur

Carleton WATKINS (1829-1916) nait en 1829 à Oneonta, petite ville de l’État de New York. D’une famille modeste, il part en 1851 pour San Francisco avec son ami Collis HUNTINGTON, dans l’espoir de trouver de l’or. Le destin en décida autrement. HUNTINGTON devint marchant et investit avec succès dans le domaine ferroviaire, tandis que WATKINS devint un célèbre photographe de paysages. Il commença à travailler en tant que photographe en 1854, au service du studio de Robert VANCE (1825-1876).

En juillet 1861 Carleton WATKINS se rendit dans le Parc du Yosemite équipé de deux appareils. Le premier, à double objectif, permet des vues stéréoscopiques, qui autorisent une vision en relief. Le second est une chambre photographique de grande taille, pouvant accueillir des plaques photographiques de 45 x 53 cm (18 x 21 inch). Il produit ainsi une trentaine de plaques qui firent sa réputation de paysagiste. WATKINS réalisa d’autres images du Parc du Yosemite en 1864, pour une mission géologique. L’ensemble de son travail sensibilisa le congrès américain en faveur de la préservation du parc. Ses images iconiques participèrent à l’avènement de l’écologie.

Carleton WATKINS, Pompompasos, The three brothers, Yosemite, 1865

Le peintre devenu photographe : William Henry JACKSON

William Henry JACKSON (1843-1942) part pour le grand Ouest en 1865, après la Guerre de Sécession. Il débute sa carrière de photographe peu de temps après. Il photographie les tribus indiennes et, en 1869, travaille au service de l’Union Pacific Railroad pour montrer l’avancée de la ligne ferroviaire vers l’ouest. Entre 1870 et 1873, William Henry JACKSON est le photographe de la mission géographique Hayden. À l’image d’O’SULLIVAN, William Henry JACKSON retranscrit toute la puissance de la nature dans ses photographies.

Ces photographies contribuent à souder le peuple américain, alors divisé par la guerre civile. Grâce à elles, le Yellowstone est classé parc national par le congrès dès 1872. L’œuvre de JACKSON est largement diffusée. Il fait partie de la génération des photographes expéditionnaires à laquelle appartient aussi O’SULLIVAN et Carleton WATKINS. Peintre émérite, il réalisa aussi des peintures de l’ouest américain.

William Henry JACKSON, Mountain of the Holy Cross, 1892

Faire de la photographie un art : Ansel ADAMS

Ansel ADAMS (1902-1984) est certainement l’un des plus célèbres paysagistes au monde, et probablement le photographe américain le plus connu. Fervent défenseur de l’écologie, il rejoint le Sierra Club à 17 ans, un groupe dédié à la protection de l’environnement. Il est engagé comme garde-forestier d’été du parc Yosemite, lieu qu’il n’aura de cesse de photographier, réalisant ainsi quelques-unes des plus célèbres photographies de paysage. Ses travaux autour du parc du Yosemite ont d’ailleurs contribué à son agrandissement.

Ansel ADAMS a également apporté énormément à la photographie. Il inventa le Zone System, une technique de gestion de l’exposition des négatifs. Avec Edward WESTON, il est également un des fondateurs du groupe f/64. Ce groupe est créé en 1932 à San Francisco, il promeut une vision artistique de la photographie et défend les principes de la photographie pure (Straight Photography) : absence de retouche, reproduction précise de la réalité et grande netteté de l’image.

El Capitan

El Capitan

Carleton WATKINS - 1865-66
Yosemite Valley

Yosemite Valley

Carleton WATKINS - 1866
The Sweetwater River

The Sweetwater River

William Henry JACKSON - 1870
Mammoth hot springs

Mammoth hot springs

Carleton WATKINS - 1872
The Tetons and the Snake River

The Tetons and the Snake River

Ansel ADAMS - 1942
Jeffrey Pine, Sentinel Dome

Jeffrey Pine, Sentinel Dome

Ansel ADAMS - 1940
Mount Williamson, Sierra Nevada

Mount Williamson, Sierra Nevada

Ansel ADAMS - 1944