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Procédé du Photochrome

Le texte du brevet du Photochrome explique comme ci-après, « De reporter directement, au moyen d’un négatif unique, les originaux de tout genre sur des pierres lithographiques rendues sensibles à la lumière ; et de fixer et développer ces images sur la pierre en vue de l’impression de l’original. » Le Photochrome est donc un procédé d’impression lithographique en couleurs à base de photographie monochrome.

Pour sa réalisation, plusieurs pierres lithographiques devaient être réalisées, une pour chaque couleur, le nombre pouvant varier selon le rendu final souhaité. Ces pierres étaient enduites d’un bitume de Judée qui, une fois exposé à la lumière du soleil au travers d’un négatif, durcit et rend les zones insolées insolubles. Les pierres étaient ensuite développées dans de l’essence de térébenthine, puis rincées à l’eau afin de retirer les parties non insolées, demeurées solubles. Elles étaient enfin gravées à l’aide d’acide. Les encres préparées par l’imprimeur étaient finalement appliquées sur chacune des pierres, afin de réaliser le transfert sur un papier lisse de haute qualité. Par travaux de retouche et de masquage, on pouvait aussi à volonté ajouter ou supprimer toutes sortes de détails.

En plus, la particularité du Photochrome résidait dans ses énormes possibilités chromatiques. Nous pouvions utiliser jusqu’à 14 pierres pour avoir des nuances. Grâce à ce caractère, le Photochrome laissait une part importante à la créativité d’un chromiste, exécutant réel du procédé. Il constituait une savante composition entre réalité et interprétation. Il avait toute liberté de s’approprier le cliché, de lui donner, selon son humeur ou le nombre de passages sur les pierres lithographiques, des couleurs douces, délavées presque aquarellées, ou bien plus franches, plus vive etc. En visant à atteindre la subtile alchimie qui ravirait l’œil, les photochromes donnaient aux gens de l’époque le plaisir de contempler les paysages faisant confondre entre réalité et peinture.

Les photochromes étaient exclusivement réalisés et produits par les entreprises, Photochrom Zurich et Detroit Publishing Company. Elles achetaient des négatifs à des photographes de l’époque comme Félix BONFILS (1831-1885) [6], Francis FRITH (1822-1898) [7], William-Henry JACKSON (1843-1942) [8], Jean-Pascal SÉBAH (1872-1947) et Polycarpe JOAILLIER (1848-1904) [9], Félix-Jacques MOULIN (1802-1879) [10] etc. La plupart d’entre eux ont provoqué une sensation nouvelle de leurs contemporains par le biais de leurs photographies sur le Moyen-Orient.

Cheik Bédouin de Palmyre
Félix Bonfils (1831-1885) ,vers 1880, papier albuminé d’après négatif sur verre au collodion. 27,5 x 21,5 cm, ⓒBnF.
Cheik Bédouin de Palmyre
Entre 1890 et 1900, Detroit Publishing Co., sous l’autorisation du Photoglob Zürich, depuis la photographie faite par Félix Bonfils