Regard des artistes européens sur le « Nouveau monde » : voyages et expéditions organisées par différentes cours Européennes au XIXème siècle (parrainage de Tsars, rois et princes etc). Sur plusieurs années, avec des explorateurs et des artistes. Peintures et gravures sur les villes (Rio), l’ethnographie et la nature brésilienne. Beaucoup de botanistes sont aussi des artistes, ils dépeignent la nature des forêts amazoniennes et atlantiques dans une démarche à moitié artistique et à moitié scientifique.
La peinture de paysage au Brésil prend son essor au XIXème siècle
Histoire de l’iconographie botanique au Brésil : artistas viajantes, Clarac, Flora Brasiliensis, l’expédition Langsdorff, Taunay, expédition autrichienne au Brésil : VASCONCELLOS.
Le contexte des explorations de la forêt amazonienne, et des œuvres d’art qui en sont tirés, change au fil des siècles : d’abord, au XIXème siècle, le Brésil est exploré par les européens parce qu’il est vu comme un endroit neuf, pas de considération pour les civilisations déjà présentes et leur rapport à la forêt et aux plantes. On remarque la volonté de documenter des paysages « nouveaux et vierges ». Les peintures sont réalisées par et pour des européens. Les nouvelles espèces botanique aiguisent la curiosité des colons.
Le parti pris de VASCONCELLOS est différent : pour lui, il est aujourd’hui nécessaire de redécouvrir la forêt amazonienne, alors que notre civilisation laisse mourir la forêt. Montrer la forêt c’est la protéger, ainsi que les peuples autochtones qui l’habite.
Cássio VASCONCELLOS est l’arrière-arrière-petit-fils de Ludwig RIEDEL, qui faisait partie de l’expédition Langsdroff. Photographe brésilien, il commence sa série à Picturesque Voyage Through Brazil en 2015.
L’histoire de son ancêtre explorateur et artiste botaniste l’inspire, et il décide lui aussi de « cartographier » la jungle. Pour réaliser cette série, il a traversé les forêts Amazonienne et Atlantique, caméra à la main, pour nous offrir un témoignage photographique de la beauté et de la majesté de sa végétation. La technique particulière de prise de vue donne un grain unique aux photographies, et celles-ci semblent être des lithographies. Le vert est omniprésent, les arbres et la forêt sont des personnages à part entière.
Romain VEILLON a exploré l’histoire du bagne de Guyanne, sur l’île Saint-Joseph, en partant sur les traces de Papillon. Papillon est le surnom d’Henri CHARRIÈRE, un ancien bagnard rendu célèbre pour son livre semi autobiographique. Ses multiples évasions ont construit la légende de cet homme.
Romain VEILLON retourne sur les traces de cet ancien détenu et constate le passage du temps. La végétation a largement entamé l’intégrité de l’installation pénitentiaire. L’abolition du bagne est obtenu sous le Front Populaire en 1938 par le député guyanais Gaston Monnerville. Les bagnards doivent cependant terminer leurs peines. Le bagne de Guyane est donc finalement supprimé depuis 1945 et les derniers détenus sont relâchés en 1953. Ce lieu de souffrance est ensuite laissé à l’abandon.
Romain VEILLON, 2018 :
Avec cette série de photographies, j’ai voulu m’interroger sur cette contradiction qui paraissait essentielle à mes yeux. Pour cela, j’ai essayé de retranscrire de la façon la plus fidèle possible l’atmosphère chargée de souvenirs qui ressort de ses ruines.
Mitch DOBROWNER est un célèbre photographe américain spécialisé dans la photographie de paysage. Il affectionne les travaux de ses illustres prédécesseurs, tels qu’Ansel ADAMS ou encore Minor WHITE. L’histoire des photographes de paysages est un élément majeur de la photographie mondiale. Ils ont posé les bases d’une esthétique qui s’illustre par la virtuosité dans le jeu des contrastes de la photographie en noir et blanc. Vous pouvez retrouver cette histoire à travers notre exposition en ligne sur les photographes de paysages américains. Ce sont également leurs travaux qui sont à l’origine de la constitution des parcs nationaux américains, puissant système de préservations de l’environnement.
Les photographies d’arbres et de plantes suivantes sont à replacer dans le contexte de l’œuvre de Mitch DOBROWNER : il affectionne les paysages monumentaux, les « œuvres » remarquables de la nature, les grande étendues américaines, et les phénomènes géologiques et météorologiques. Ici, les grands arbres et les plantes sont traités de la même manière.
Le noir et blanc accentue le contraste entre tronc, branches et feuilles. Entourée par les nuages et phénomènes climatiques qui font la marque de DOBROWNER, les arbres baignent dans une lumière évanescente qui les entoure et les anime. Les arbres qu’ils photographie sont épargnés par les constructions et la présence des humains : ceux sont eux les personnages principaux, et les photographies semblent hors du temps. Il donne ainsi à voir un espace préservé.